Depuis le lancement du plan “Made in China 2025”, le secteur de la voiture électrique a connu une croissance explosive dans l’Empire du Milieu. Encouragée par des subventions massives, une législation favorable, et une volonté nationale de leadership technologique, plus de 100 marques de véhicules électriques ont vu le jour en quelques années. Certaines sont issues de grands groupes historiques, d’autres de start-ups technologiques, et d’autres encore de projets opportunistes ou régionaux.
Ce boom a permis à la Chine de devenir le premier marché mondial de la voiture électrique, avec plus de 30 % de parts de marché pour les VE en 2024. Mais cette profusion n’est pas synonyme de viabilité économique. En réalité, la majorité de ces marques ne génèrent pas de bénéfices. Beaucoup dépendent encore fortement des aides de l’État, des investissements spéculatifs ou de prêts publics.
Le gouvernement chinois a commencé à envoyer des signaux clairs : il ne pourra pas soutenir à perte une centaine d’acteurs structurellement déficitaires. Une consolidation majeure est donc attendue dès 2025, avec un resserrement brutal du nombre de constructeurs en activité.
Un marché saturé, ultra-concurrentiel et sans pitié
Le problème principal de ce foisonnement est que trop d’acteurs se disputent les mêmes segments, souvent avec des modèles similaires, peu différenciés et vendus à prix cassés. Des marques comme BYD, NIO, Li Auto ou XPeng ont su imposer une identité forte, un produit fiable et une stratégie claire. Mais pour des dizaines d’autres, les volumes sont faibles, la notoriété inexistante et les marges nulles.
La guerre des prix lancée par Tesla en Chine, puis imitée par BYD, a précipité la chute de nombreuses marques moins robustes. Les modèles d’entrée de gamme sont vendus parfois en dessous du coût de production, dans l’espoir de gagner des parts de marché ou d’attirer un investisseur. Mais cette stratégie n’est pas tenable à long terme sans levées de fonds permanentes.
Le résultat : un marché cannibalisé, avec des dizaines de marques qui n’arrivent pas à atteindre l’équilibre. Le ministère chinois de l’industrie a déjà commencé à évoquer la nécessité de favoriser les fusions, de limiter les nouvelles immatriculations de marques VE, et de fermer les projets dormants. Le tri est lancé.
Une vague de disparitions annoncée entre 2025 et 2027
Les analystes s’accordent : plus de 60 à 70 % des marques chinoises de VE actuelles pourraient disparaître d’ici 3 ans. Cela ne signifie pas que la Chine renonce à son ambition dans le domaine, mais qu’elle souhaite stabiliser un écosystème devenu trop fragmenté, peu lisible pour les investisseurs, et peu compétitif à l’international.
Certaines marques seront absorbées par de plus grands groupes, d’autres seront mises en sommeil ou dissoutes. Les moins armées technologiquement, ou celles n’ayant jamais produit plus de quelques milliers d’unités, seront les premières concernées. Ce phénomène s’apparente à ce que l’on a connu avec les constructeurs de motos chinois ou les marques de smartphones au début des années 2010.
Les grandes gagnantes de ce nettoyage seront les marques capables d’exporter, d’industrialiser à grande échelle, et d’offrir une valeur ajoutée réelle. Les perdantes ? Celles qui n’étaient que des coquilles vides, des projets subventionnés sans vision à long terme.
Un impact mondial, notamment pour l’Europe
Pour l’Europe, cette vague de consolidation aura des conséquences directes. Plusieurs marques chinoises ont récemment tenté d’entrer sur les marchés européens (Omoda, Aiways, Leapmotor…), souvent avec des stratégies d’importation agressives et des prix très compétitifs. Si certaines survivent, d’autres pourraient disparaître avant même de s’implanter solidement.
Cela pose un enjeu de fiabilité à long terme pour les clients européens, en matière de SAV, de garantie, ou de disponibilité de pièces. Il devient crucial de bien identifier les acteurs solides, installés sur le long terme, et capables de garantir un vrai service après-vente.
En parallèle, la consolidation du marché chinois pourrait permettre à ses champions (BYD, NIO, Geely) d’accélérer leur offensive internationale, avec des moyens renforcés, des technologies plus matures et une vision export plus lisible. L’Europe devra s’adapter vite à cette nouvelle carte de l’électromobilité mondiale.
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