L’annonce a fait l’effet d’un choc dans le monde de l’automobile électrifiée : BYD, souvent perçue comme la rivale la plus sérieuse de Tesla, abandonne son objectif initial de percer en Europe avec uniquement des modèles 100 % électriques. Malgré une offre large, des prix agressifs et des ambitions mondiales affichées, le constructeur chinois a dû se résoudre à revoir sa copie.
La réalité du terrain européen s’est révélée bien plus complexe que prévu. Infrastructure de recharge encore inégale, fiscalité locale disparate, réseau de distribution limité, et surtout une demande encore timide pour les modèles 100 % électriques d’origine chinoise : autant de freins qui ont contraint BYD à revoir sa stratégie.
Désormais, la marque entend se repositionner en misant sur une gamme hybride rechargeable (PHEV), jugée plus conforme aux attentes actuelles des consommateurs européens. En parallèle, BYD renforce sa présence locale avec des projets industriels en Hongrie et en Turquie, et conserve une ambition intacte : réaliser 50 % de ses ventes hors de Chine d’ici 2030.
BYD redéfinit sa stratégie européenne : fin du tout-électrique
Depuis plusieurs années, BYD (Build Your Dreams) s’est imposée comme l’un des leaders mondiaux de l’électrification automobile, devançant même Tesla en volume global. L’Europe représentait une étape stratégique clé dans sa conquête hors de Chine. Pourtant, malgré une offensive bien préparée, la réalité du marché européen a eu raison de ses premières ambitions.
Le constructeur a officiellement acté un virage stratégique majeur : il renonce à son approche initiale basée exclusivement sur les véhicules 100 % électriques pour le marché européen. Cette décision intervient après des résultats de ventes très en-deçà des attentes, une acceptabilité limitée dans certains pays et un réseau de distribution encore trop jeune pour rivaliser avec les marques bien implantées.
De plus, les obstacles réglementaires, les différences de fiscalité et les exigences techniques (normes de sécurité, logiciels, chargeurs, etc.) ont freiné la progression rapide que BYD avait connue ailleurs.
Les hybrides rechargeables au cœur de la nouvelle offensive
Face à ce constat, BYD repositionne son offre en Europe autour des véhicules hybrides rechargeables (PHEV). Ce segment, souvent considéré comme un compromis temporaire entre thermique et électrique, séduit encore une large part des consommateurs européens, surtout dans les zones où les infrastructures de recharge sont sous-développées.
La marque va désormais mettre en avant ses modèles dual mode, qui combinent moteur thermique et motorisation électrique, avec une autonomie électrique suffisante pour les trajets quotidiens, mais sans la contrainte de la recharge systématique. Cette transition est aussi facilitée par les plates-formes flexibles développées par BYD, capables d’accueillir différentes architectures (EV, PHEV, HEV).
Ce repositionnement permet à BYD de rester dans la course à la décarbonation, tout en répondant plus efficacement aux attentes d’un marché européen en mutation lente mais constante.
Une implantation locale en renfort : usines et réseau européen
Pour accompagner cette transformation, BYD investit massivement dans une production localisée. Deux projets d’usines sont en cours de déploiement : l’un en Hongrie, déjà officialisé, et l’autre en Turquie, en partenariat avec des groupes locaux. Ces sites devraient permettre d’assembler des modèles destinés exclusivement au marché européen, en contournant les droits de douane et en améliorant la logistique.
Parallèlement, la marque s’attèle à construire un réseau commercial plus dense, avec des concessions dédiées dans plusieurs pays, et le recrutement de profils expérimentés issus de l’industrie automobile européenne, pour adapter au mieux le produit et le discours commercial aux attentes locales.
Ces efforts visent à renforcer la confiance des consommateurs, tout en valorisant une image plus « européenne » de BYD, au-delà de son origine chinoise.
Objectif mondial maintenu : 50 % des ventes hors Chine d’ici 2030
Si la stratégie change, l’ambition reste intacte. BYD vise toujours à réaliser la moitié de ses ventes hors de Chine d’ici à 2030, avec l’Europe et l’Amérique latine en ligne de mire. Ce rééquilibrage vise à diversifier les débouchés commerciaux, tout en s’adaptant aux particularités régionales.
La transition vers les PHEV pourrait n’être qu’un ajustement temporaire. Une fois le réseau consolidé, la notoriété renforcée et les usines opérationnelles, BYD pourrait relancer progressivement une offre électrique pure, mieux calibrée pour le marché européen. D’autant que les normes d’émissions, les ZFE et les politiques publiques européennes continueront à pousser vers le 100 % électrique à moyen terme.
En somme, loin d’un abandon, le virage stratégique de BYD est une pause tactique : une adaptation pragmatique à un marché complexe, pour mieux préparer sa prochaine offensive.
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